lundi, octobre 08, 2007

L'accord irako-turc : un coup d'épée dans l'eau ?

L'accord conclu entre la Turquie et l'Irak pour "prévenir la préparation et la réalisation d'actes terroristes visant la sécurité, l'intégrité territoriale et l'inviolabilité des frontières, la sûreté des citoyens"(art. 1), soit en clair lutter contre le PKK de conserve, a été diffusé en anglais. Concrètement, quelles sont les mesures réelles applicables sur le terrain ?

L'article 2, bien qu'il annonce détailler des "mesures" est plutôt une suite de voeux (pieux ?) : Empêcher les groupes terroristes d'utiliser comme bases les territoires respectifs des deux pays pour lancer des attaques contre le pays voisin. Ce qui en fait ne s'applique qu'au PKK parce que jusque là il n'y a pas de commandos venus de la Turquie, que ce soit du PKK ou al-Qaeda passant en Irak pour y faire exploser des bombes. Les terroristes en Irak sont plutôt à cueillir le long de la frontière syrienne.


Interdire tout soutien logistique, financier, etc., à ces groupes. Là encore c'est pas très pertinent pour l'Irak. Les collectes du PKK se font soit en Turquie soit en Europe ou dans le reste de la diaspora. A part le petit parti pro-Öcalan au Kurdistan d'Irak, sans grande influence, les Kurdes du sud doivent être peu nombreux à mettre la main à la poche pour financer la guerilla de Qandil. La Turquie devrait plutôt conclure un accord avec l'Iran, le PJAK est autrement influent et soutenu logistiquement et financièrement par de mystérieux pourvoyeurs (certains accusant les USA). De même pour "l'interdiction des partis affiliés au PKK", si Ankara demande l'interdiction du petit parti pro-PKK d'Irak, sans dissoudre une fois de plus le DTP, ça va paraître comique.

Interdire les médias des "organisations" terroristes sur leurs territoires, dont les radios et les télévisions. Vu la diffusion de la chaîne Roj TV, dans toute la Turquie, c'est pas gagné. Evidemment, elle est basée au Danemark et non à Erbil. Les Turcs devraient conclure un accord avec Copenhague.

L'article 3 est plus intéressant, il porte sur des accords de poursuite judiciaires et d'extradition. Le problème est que les forces irakiennes n'ont pas le droit d'entrer au Kurdistan d'Irak et que les Asayish assurent eux-même la sécurité dans la Région. Il faudrait donc un accord entre Erbil et Bagdad pour extrader les "terroristes" qui ensuite se feraient extrader vers la Turquie.


L'article 5 parle d'échange d'informations entre les services turcs et irakiens sur les activités des "terroristes". ça doit faire joli dans l'accord, mais je ne pense pas que le MIT ait besoin des services irakiens (enfin s'ils sont encore en état de marche, ayant tous été officiellement débaathisés) pour se renseigner sur les bases du PKK à Qandil. Tout le monde sait que les services turcs sont partout dans la Région kurde et aussi à Mossoul, en tout cas bien plus présents que les services irakiens, hormis bien sûr les services d'al-Qaeda et des baathistes.

et sinon ?

Bah c'est tout. Il paraît que Büyükanit n'est pas content et dit que ça ne sert à rien. On le comprend, cet homme. Le texte complet peut être lu ici en anglais.

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