mardi, février 12, 2013

Iran : deux Kurdes, un Azéri menacés d'être exécutés


Amnesty a lancé le 17 janvier un appel pour sauver de l’exécution de deux prisonniers politiques kurdes,  Zanyar et Loghman Moradi, ainsi qu’un azéri de la religion des Yarsans ou Ahl-é Haqq, Yunes Aghayan.

Zanyar at Loghman Moradi sont actuellement détenus à la prison Raja’i Shahr, à Téhéran. Ils ont été arrêtés le 1er août pour Zanyar et le 17 octobre pour son cousin Loghman, à Mariwan, province du Kurdistan. Détenus pendant 9 mois, sans accusation, par le ministère des Renseignements, ils ont été transférés de plusieurs centres de détention, sans jamais voir un avocat. Ils ont finalement atterri à la prison d’Evin, à Téhéran, section 209 (sous contrôle des Renseignements).





En novembre 2009, la chaîne PRess TV, une chaîne officielle iranienne de langue anglaise,  annonçait finlement que quatre "terroristes" liés au gouvernement britannique avaient été arrêtés à Mariwan : Plusieurs religieux kurdes occupant des fonctions religieuses officielles au Kurdistan, mais sans être des personnages clefs, avaient été mystérieusement assassinés, sans que les revendications de pseudo-peshmergas kurdes aient été bien convaincantes. La plupart des Kurdes d'Iran y voyaient la main du régime afin de discréditer les groupes de résistances kurdes auprès de la population.



Le 22 décembre 2010, ils avaient été condamnés par la 15ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran, comme moharebeh (ennemi de Dieu) et pour le meurtre du fils de l’imam de Mariwan, ainsi que  d'actions armées au sein du Komala et d'espionnage pour le compte de la Grande-Bretagne. 

Une semaine après leur procès, Zanyar et Loghman avaient été transférés à la prison de Raja’i Shahr. De là, ils ont raconté, dans une lettre publique, que tous leurs aveux leur avaient été extorqués sous la torture et des menaces de viol, comme le précise Zanyar Moradi : « Je n’ai avoué aucune des accusations jusqu’`a ce qu’ils me menacent de viol. Ils ont apporté une bouteille et m;ont dit que je devais avouer ou ils m’assiérait sur cette bouteille.»

S’exprimant au sujet de l’accusation de meurtre du fils d’un mollah de Mariwan,  Eqbal Moradi, le père de Zanyar, étale les irrégularités et l’aspect très artificiel de ce dossier : 

"Mon fils a été arrêté il y a 20 mois, et c’est seulement 17 mois après qu’il a été accusé de meurtre et de terrorisme. Mais tous les gens de Mariwan, et même la famille de la victime, savent bien que ce n’est pas Zanyar et quelques autres de ces jeunes qui ont fait cela. Tous les gens de Mariwan et même la famille de la victime savent que ces cas récents de meurtres ne sont rien d’autre que le fait du régime, et que cela n’a rien à voir avec ces jeunes."

De même, le père de Loghman Moradi, Osman Moradi a confirmé le caractère tardif des accusations : 

"Durant les 9 premiers mois qu’il était détenu par les services de renseignements, il n’y avait pas d’accusation de meurtre dans son dossier. Même plus tard, durant les 7 mois où il était en prison, on n’a jamais parlé de cela. Mais ils l’ont ramené au ministère du Renseignement une fois de plus et ils l’ont gardé 25 jours. Il a été torturé et maltraité à un point tel qu’il a reconnu le meurtre. Je veux dire qu’il l’a reconnu pour échapper à une telle situation. Il a fallu 17 mois pour obtenir de lui cette confession."

En janvier 2012, La Cour suprême a maintenu la sentence et un mois plus tard, l’ordre de son application a été envoyée au bureau compétent de la magisrature à Téhéran.

Un an plus tard, des informations ont circulé sur Internet que l’exécution des deux cousins pouvait être imminente. Amnesty International, qui suit ce dossier depuis plusieurs années,  a en effet eu connaissance que l’imam, père de la victime, et le procureur du Kurdistan, se seraient rendus ensemble à Téhéran, ce qui pourraient signifier que la peine de mort pourrait être prochainement appliquée.


Yunes Aghyan a été arrêté en novembre 2004, après des heurts entre des fidèles Ahl-e Haqq (Yarsans) et la police, où au moins 3 membres des forces de sécurité ont été tués quand des Yarsans avaient refusé de cesser d’entonner des slogans religieux dans leur ferme d’élevage. Yunes, ainsi que sa famille, a toujours nié être impliqué dans ces heurts, indiquant qu’il n’était qu’ouvrier là-bas. Durant sa détention préventive, il aurait été torturé et soumis à de mauvais traitements.
Jugé avec 4 autres Yarsans par la 2ème chambre du tribunal révolutionnaire de Mahabad, Yunes Aghyan a été condamné, avec Mehdi Qasemzadeh, à la peine cpaitale, en tant qu’ « ennemis de Die u», en janvier 2005. Ces sentences ont été confirmés par la COur suprême en avril 2005. Mehdi Qasemzadeh a été exécuté le 28 février 2009.

Trois autres Yarsans – Sehend Ali Mohammadi, Bakhshali Mohammadi et Ebadollah Qasemzadeh – avaient été aussi intialement condamnés à mort, mais leur peine a été commuée par la Cour suprême  en septembre 2009 et ils purgent à présent une peine de 13 ans de prison en exil intérieur dans la province de Yazd.

Les Yarsans ou Ahl-e Haqq, majoritairerment kurdes et, en nombre moindre, azéris, ne sont pas reconnus en tant que minorité religieuse et leurs rites, l’expression de leur foi et leurs pratiques sont interdits.

Yunes Aghayan a été transféré de la prison de Mahanad (Azerbaïdjan occidental) le 26 décembre 2012, pour être détenu en isolement dans la prison d’Ourmieh. Les transferts en isolement sont souvent, pour les condamnés qui attendent dans le couloir de la mort, le signe que leur exécution approche. Yunes Aghyan a entamé une grève de la faim totale (ni nourriture ni boisson) dès le premier jour de son arrivée à Ourmieh. Depuis, sans contact avec l’extérieur, la poursuite de cette grève et son état de santé demeurent inconnus.




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