vendredi, avril 08, 2011

Enseignement en langue kurde : enjeux et problèmes




Colloque organisé par Institut kurde de Paris

le vendredi 16 avril 2010, de 13h30 à 19h30

Salle Victor Hugo
101, rue de l’Université, 75007 Paris


Le droit à l’enseignement en langue kurde est devenu la revendication politique et culturelle de l’ensemble des mouvements politiques et des organisations de la société civile kurde en Turquie. Ce droit est également revendiqué par les quelques 12 millions de Kurdes en Iran et les 2 millions de Kurdes en Syrie.
En Irak, le kurde est reconnu dans la Constitution langue officielle au même titre que l’arabe. Dans la région fédérée du Kurdistan tous les établissements scolaires du premier et du second degré dispensent leur enseignement en langue kurde tandis que dans les universités certaines matières sont enseignées en kurde, d’autres, scientifiques, en anglais. Les minorités linguistiques du Kurdistan (Turkmènes, Assyro-chaldéens) disposent des écoles enseignant dans leur langue.
En Turquie, où selon les estimations de la Commission européenne, on compte 15 à 18 millions de Kurdes, la question linguistique est devenue un élément majeur du débat public. Dans un pays, qui affiche son ambition de construire « une démocratie exemplaire », où les « bienheureux Turcs » disposent en leur langue de plus de 150 universités, leurs « frères kurdes » qui forment près du quart de la population du pays ne possèdent aucune école publique, aucune université dans leur langue. Le Premier ministre turc, M. Erdogan, lors de ses déplacements en Allemagne qualifie publiquement l’assimilation de « crimes contre l’humanité » mais ne dit mot sur la politique assimilationniste systématique pratiquée par la République turque depuis 1923 contre les Kurdes. Il demande que les immigrés turcs d’Allemagne apprennent d’abord la langue et la culture turques avant d’apprendre celles de leur pays d’accueil mais ne reconnaît pas ce même droit élémentaire à ses propres citoyens kurdes qui vivent sur la terre de leurs ancêtres.
Cette politique de « deux poids deux mesures » fait débat en Turquie, bien sûr, mais aussi en Europe où la presse allemande a récemment invité M. Erdogan à faire preuve de cohérence en accordant aux Kurdes les droits qu’il revendique pour les immigrés turcs d’Allemagne.
Dans le début public, qui bat son plein dans cette période électorale en Turquie, les nationalistes turcs restent sur le dogme kémaliste d’un Etat unitaire, homogène avec une seule langue, le turc, et une seule culture. Les Kurdes revendiquent pour leur langue, et sa survie, un statut d’égalité juridique avec le turc dans tous les domaines de la vie y compris dans l’enseignement et dans l’administration, à tout le moins dans les provinces peuplées majoritairement de Kurdes. Entre les deux, il y a aussi des libéraux et des intellectuels musulmans qui préconisent la liberté d’usage privé du kurde et son enseignement comme matière optionnelle dans les écoles.
Tandis que pour la plupart des Kurdes, la seule chance de sauvegarder leur langue millénaire, déjà victime de décennies d’érosion et d’étouffement, et de la transmettre aux générations futures, est un système d’enseignement public en kurde, nombre de Turcs affirment que cela conduirait à terme à la partition du pays.
Le colloque a pour objectif d’apporter des éclairages pluriels dans ce débat de haute importance pour les relations turco-kurdes, et pour la démocratie en Turquie et au Proche-Orient.
A côté des experts qui vont évoquer les expériences du multilinguisme en Europe (Espagne, Scandinavie, Suisse), en Asie (Inde), en Afrique du Sud et au Canada et son impact pour la stabilité de ces pays, des personnalités turques et kurdes représentatives de la vie politique et culturelle de Turquie sont invitées à apporter au débat leurs opinions et leurs propositions.
Des représentants de la Commission européenne, du Conseil de l’Europe et de l’Unesco, seront également invités à ce colloque en raison du statut de la Turquie en Europe et aussi parce que la problématique des langues et cultures menacées est désormais une préoccupation universelle.
L’ensemble du débat sera enregistré et diffusé ultérieurement sur plusieurs chaînes de télévision kurdes afin d’informer aussi largement que possible le public kurde mobilisé et passionné pour la défense de sa langue

Langues du colloque : français, anglais, kurde et turc (avec traduction simultanée).
S'inscrire en ligne.

Programme

13h30 : Accueil des invités

14h00 : Mot de bienvenue et présentation de la conférence

14h10-15h30: 1ère Table ronde : Expériences de multilinguisme

Modérateur : Bernard DORIN, Ambassadeur de France.

Intervenants :
Afrique du Sud
Fida BIZRI, maître de conférences, responsable de l'enseignement du singhalais à l'INALCO, Paris.
André POUPART, professeur émérite de droit, Quebec
Xavier VILA, directeur du Centre universitaire de sociolinguistique et de la communication de l'Université de Barcelone, Catalogne
Reso ZÎLAN, linguiste et professeur de kurde, Suède.

15h30-17h00 : 2ème Table ronde : La protection des langues minoritaires et le droit international

Modérateur : William BOURDON,avocat à la cour, Paris.

Intervenants :
Baskin ORAN, politologue et professeur de relations internationales à Ankara
Mesut YEGEN, professeur à Şehir Üniversitesi, Istanbul
Conseil de l'Europe (représentant)
UNESCO (représentant)

17h00-17h20 : PAUSE

17h30-19h30 : 3ème Table ronde : Enseignement en kurde : Problèmes et perspectives

Modérateur : Kendal NEZAN

Intervenants :
Khaman ASSAD, représentante du Gouvernement Régional du Kurdistan à Paris (KRG)
Bayram BOZYEL, president du parti du Droit et des Libertés (Hak ve Özgürlükler Partisi- Hak-Par)
Serafettîn ELÇî, ancien ministre, président du parti de la Démocratie participative (Katilimci Demokrasi-KADEP)
Un représentant du parti AKP
Leyla ZANA, lauréate du Prix Sakharov 1995 du Parlement européen.
Hasip KAPLAN, deputé du parti de la Paix et de la Démocratie (BDP) de Sirnak.

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