mercredi, décembre 15, 2010

1998-2010 : l'évolution des rapports turco-kurdes à Mersin

Une étude intéressante de l'université de Mersin, département de sciences, lettres et psychologie (province d'Adana) reproduit plusieurs enquêtes menées dans cette ville, en 1998, 2002, 2007 et cette année, auprès de 2000 personnes : les habitants des districts d'Akdeniz et Toroslar, à fort peuplement kurde,  et ceux des districts de Yenişehir et Mezitli, à forte densité turque.

Les questions ont toujours été les mêmes et visaient à apprécier la "distance sociale" entre Kurdes et Turcs, relations, mariages, travail, etc. 

Ainsi en 1998, 12.8 % des Kurdes s'étaient dit mariés à un(e) conjoint d'origine turque. Ils n'étaient plus que  6.3 % en 2002, 0.4 %  en 2007 et 0 cette année. En 1998, 26.9% des Turcs déclaraient un conjoint kurde, 14.9 en 2002, 7 % en 2007 et 1.3 % cette année.

Concernant les "relations d'affaire" (qui induisent au Moyen-Orient des relations de confiance et des sentiments "amicaux" plus étroits qu'en Europe), 13% des Kurdes jugeaient possible d'avoir ce genre de relations avec un Turc en 1998, 16% en 2002, 15.8% en 2007 et 17.6% cette année.

Du côté turc, ils n'étaient que 1.1% à envisager d'avoir des relations d'affaire avec un Kurde en 1998, 8.7% en 2002, 15.2 % en 2007 et 22.7 % cette année.

Ainsi, les relations économiques s'accroissent en même temps que les mélanges familiaux diminuent. Cela devient presque un lien semblable à ceux qu'entretiennent les différentes communautés entre elles, par exemple à Alep où beaucoup de Kurdes font du commerce avec les Arabes et les chrétiens, entretiennent des "amitiés" masculines assez durables, mais où personne se se mélange par mariage.

Sur la citoyenneté, en 1998, seulement 2% des Kurdes jugeaient qu'ils pouvaient être citoyens du même pays que les Turcs, 6.5 % en 2002, 8.4 % en 2007 et 9.5 % cette année. 

On voit que la progression n'est pas spectaculaire, imputable peut-être à la fin de la guerre, ou au nouveau credo politique des partis kurdes. L'augmentation est plus forte chez les Turcs, 0.2 % en 1998, 0.8% en 2002, 14.6 % en 2007 et 17.2 %.

Les pourcentages sont à peu près équivalents aux "relations d'affaire". Reste à savoir que que les sujets interrogés comprennent et entendent comme "être citoyen d'un même pays", ce qu'ils sont en principe, du moins sur le papier. Le point le plus remarquable de l'étude est donc cette chute spectaculaire des mariages mixtes en parallèle avec une augmentation – dans des chiffres qui malgré tout restent modestes – des relations civiques et économiques, dans moins dans les représentations que les sujets s'en font.

Il serait bien sûr intéressant de mener les mêmes enquêtes dans d'autres lieux de Turquie et d'observer les disparités entre grandes et moyennes villes, entre les régions et les niveaux socio-économiques des groupes interrogés.


(source firat.news)

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