lundi, juillet 12, 2010

La romancière et l'archéologue


Présentation de l'éditeur
« Épousez un archéologue : plus vous vieillirez, plus il vous aimera », a dit un jour Agatha Christie (1890-1976). Cette fine mouche qui riait de tout pratiquait l’autodérision avec un art consommé. Outre ses soixante-dix romans policiers, il y a mieux et beaucoup plus savoureux que son autobiographie : ce sont ses aventures au Moyen-Orient qu’elle publia en 1946 pour répondre à tous ceux qui lui demandaient sans cesse comment elle avait vécu là-bas auprès de son deuxième mari.

Comment pouvait-elle imaginer, en effet, alors qu’elle voyageait pour la première fois à bord de l’Orient-Express en 1928, combien son existence allait être modifiée à jamais ? Elle laissait en Angleterre une enfance heureuse passée dans un manoir victorien du Devon, l’échec d’un premier mariage et une carrière littéraire déjà bien assise pour partir en Iraq à la découverte des champs de fouilles d’Our, invitée par les archéologues Leonard et Katherine Woolley. La romancière avait toujours été fascinée par l’Orient, à tel point qu’elle rendit de nouveau visite à ses amis l’année suivante.

Cette fois, les Woolley eurent l’excellente idée de la confier à un jeune archéologue prometteur, Max Mallowan. Ce dernier devint son cicérone, ils visitèrent ensemble la Chaldée et s’éprirent l’un de l’autre. Agatha était âgée de quarante ans, Max n’en avait que vingt-six, mais il la trouvait irrésistible d’intelligence, de charme et d’esprit, qualités qu’elle-même appréciait chez ce garçon si singulier qui n’avait jamais lu aucun de ses romans et n’était nullement impressionné par sa notoriété. Ils se marièrent avant la fin de l’année.

Commença alors une vie de voyage avec son époux. Ils travaillèrent essentiellement en Syrie et en Iraq, et Agatha l’accompagna avec joie dans ses pérégrinations. Elle continua à écrire ses propres ouvrages sur place tout en étant une assistante précieuse pour son mari. Elle prenait des photos, les développait, étiquetait les objets trouvés. (Pour dépoussiérer les plus fragiles elle utilisait une aiguille à tricoter et un pot de crème pour le visage !)

L'auteur vu par l'éditeur
La Romancière et l’archéologue regroupe cinq saisons de fouilles entre 1934 et la fin des années 1930 avec toujours pour fil directeur une solide expérience de la nature humaine et un humour inoxydable, et ce quel que soit le sujet évoqué – la constipation des ouvriers ou les sous-vêtements d’un chauffeur. Rien n’échappe à Agatha Christie, depuis les dissensions opposant les diverses ethnies jusqu’au sort des femmes musulmanes. Notons que ces voyages lui inspirèrent trois de ses plus célèbres romans : Mort sur le Nil, Le Crime de l’Orient-Express et Meurtre en Mésopotamie.

Préface :

"Épousez un archéologue : plus vous vieillirez, plus il vous aimera", aurait dit Agatha Christie. Toute sa philosophie de la vie semble d'ailleurs résumée dans cette boutade : les bonheurs doivent être traités avec autant d'irrévérence que les épreuves, ni plus ni moins. Cette fine mouche qui riait de tout pratiquait l'autodérision avec un art consommé. Elle se moquait de son embonpoint, de ses cellules grises "toujours affaibles par la traversée Douvres-Calais", de ses migraines et de son couple avec la même jovialité communicative.

La Romancière et l'Archéologue offre une variation savoureuse de l'incontournable humour anglais.

Agatha Christie pouvait-elle imaginer, alors qu'elle voyageait à bord de l'Orient-Express en 1930, combien son existence allait en être modifiée à jamais ? Elle laissait en Angleterre une enfance heureuse passée dans un manoir victorien du Devon, l'échec d'un premier mariage et une carrière littéraire déjà assise pour partir à la découverte des champs de fouilles d'Our, invitée par les archéologues Leonard et Katherine Woolley. Agatha avait toujours été fascinée par l'Orient – elle avait découvert l'Égypte à l'âge de vingt ans avec sa mère, consacré une nouvelle à la tombe de Toutankhamon en 1924 et visité Bagdad en 1928–, mais ses vacances à Our, approfondirent plus encore cette passion de jeunesse.

Les Woolley eurent l'excellente idée de la confier à un jeune assistant prometteur, Max Mallowan. Ce dernier devint son cicérone, ils visitèrent ensemble la Chaldée et s'éprirent l'un de l'autre. Agatha était âgée de quarante ans, Max n'en avait que vingt-six, mais il la trouvait irrésistible d'intelligence, de charme et d'esprit, qualités qu'elle-même appréciait chez ce garçon si singulier qui n'avait jamais lu aucun de ses romans et n'était nullement impressionné par sa notoriété, ce qui enchantait tout particulièrement notre héroïne. Ils se marièrent avant la fin de l'année.

Commença alors une vie de voyage à deux au gré des fouilles entreprises par Mallowan. Il travaillait essentiellement en Syrie et en Iraq, et Agatha l'accompagnait avec joie dans ses prérégrinations. Elle continuait à écrire ses romans sur place tout en étant une assistante précieuse pour son mari. Elle prenait des photos, les développait, restaurait des poteries, étiquetait les objets trouvés, non sans jouer les hôtesses pour leurs invités de passage et les médecins improvisés pour les ouvriers des champs de fouilles.

L'archéologie comme on en rêve : Agatha et Max voyageaient à bord de l'Orient-Express avec des piles de bagages avant de vivre pendant des mois en plein désert – où ils se firent construire une maison ravissante–, entourés d'une armée de serviteurs pittoresques dont le mélange de pessimisme et d'indolence faisait parfois sortir madame Mallowan de ses gonds. Elle dut livrer de nombreux combats, contre les fermetures Éclair et les douaniers turcs, les banques et les postes syriennes, les souris et les puces. Dans La Romancière et l'Archéologue, qui regroupe cinq saisons de fouilles entre 1934 et la fin des années 1930, elle brosse avec autant de verve le portrait d'un cheikh roublard – il s'offre une jeune épouse, la cinquième, avec l'argent du loyer que lui offre Max – que celui d'une mère maquerelle offensée. Avec toujours pour fils conducteurs une solide expérience de la nature humaine et un humour inoxydable, et ce quel que soit le sujet évoqué, la constipation des ouvriers ou les sous-vêtements du chauffeur. Rien ne lui échappe, des dissensions opposant divers peuples – Arabes, Turcs, Kurdes, Arméniens – au sort des femmes musulmanes. Notons enfin que ses voyages lui inspirèrent trois de ses plus célèbres romans : Mort sur le Nil, Le Crime de l'Orient-Express et Meurtre en Mésopotamie.

La Seconde Guerre mondiale mit fin à cette vie joyeuse de camping et de pique-niques, de dur labeur aussi, et Agatha resta seule à Londres tandis que Max, officier de la RAF, était nommé à Tripoli ; il parlait couramment l'arabe et sa connaissance du terrain n'avait pas de prix. Le couple ne retourna en Iraq qu'en 1949. Max y reprit ses recherches et devint directeur de l'École d'archéologie de Bagdad. Les Mallowan se firent alors construire une deuxième maison en Orient, cette fois au bord du Tigre. Elle fut baptisée "Beit Agatha" et ils y passèrent jusqu'à six mois par an. Jamais il n'y eut un nuage entre ces deux êtres à la fois indépendants et inséparables. Max n'était pas dans l'ombre de sa célèbre épouse et celle-ci avait tendance à penser que des deux c'était lui la sommité.

Aujourd'hui, les séjours de la romancière en Syrie et en Iraq appartiennent à la légende, à tel point qu'en 2002 le British Museum de Londres leur consacra une exposition fascinante intitulée : "Agatha Christie et l'archéologie : mystère en Mésopotamie". Derrière l'image officielle – teint de dragée et imagination diabolique – les organisateurs offrirent au public le portrait subtil et complexe d'une femme talentueuse et cosmopolite à travers cet itinéraire à la fois géographique et humain. Films d'amateurs tournés par Agatha elle-même, lettres, carnets de notes, photographies... Au détour d'une vitrine, j'ai noté un détail que madame Mallowan ne mentionne pas dans ce livre mais qui, j'en suis certain, ravira ses admirateurs. Pour dépoussiérer les objets les plus fragiles découverts sur le champ de fouilles, elle utilisait une aiguille à tricoter et un pot de crème pour le visage.

Jean-Noël LIAUT.


Table des matières

Préface
Avant-propos

I. Partant pour la Syrie
II. Repérages
III. Le Khâbûr et le Jaghjagha
IV. Première saison à Chagar-Bazar
V. Fin de saison
VI. Voyage de retour
VII. Vie quotidienne à Chagar-Bazar
VIII. Chargar-Bazar et Brak
IX. Le retour de Mac
X. En route pour Raqqa
XI. Nos adieux à Brak
XII. 'Ayn al-'Arab
Épilogue.

Poche: 316 pages
Editeur : Payot (11 mai 2006)
Collection : Petite Bibliothèque Payot
Langue : Français
ISBN-10: 2228900966
ISBN-13: 978-2228900966


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Concert de soutien à l'Institut kurde