mardi, mai 25, 2010

Hüseyin Karabey : Come to my voice



Hüseyin Karabey, dont nous avons parlé maintes fois dans ce blog, avait été sélectionné à Cannes, par le 'Cinéfondation Atelier' du festival, qui distingue les nouveaux talents avec leur sprojets de film, ce qui a fait de lui le seul cinéaste kurde et même le seul cinéaste de nationalité turque à être représenté à Cannes cette année.

Son projet, 'Sesime Gel' (Come to my voice) sera un film de 90 minutes, tourné à Diyarbakir, à l'automne 2010, en langue kurde et turque. Comme Gitmek (My Marlon and my Brando) il mêlera fiction et documentaire.


Synopsis
Dans un village de montagne enneigé de l’est de la Turquie, Berfê (une vieille femme) et Jiyan (sa petite fille) se retrouvent seules, confrontées à l'absence de l'unique homme du foyer. En effet, Temo, respectivement fils et père des deux femmes, est désormais incarcéré. L’officier en chef a été informé que des villageois dissimuleraient des armes. Il annonce alors que tous les hommes du village vont être gardés en détention jusqu’à ce que leurs familles capitulent et remettent les armes qu’elles sont censées dissimuler. Mais à la connaissance de ces deux femmes qui n’ont rien à se reprocher, ces armes n’existent pas. Désespérées, Berfê et Jiyan entament un périple pour trouver une arme contre laquelle échanger leur cher Temo. Leur innocence et leur naïveté leur permettront-elles de faire face à un système qui peu à peu les jette dans un monde terni par un conflit sans fin ?



Hüseyin Karabey, qui a écrit le script en collaboration avec Abidin Pırıltı, raconte ainsi l'action :
"Durant le raid sur le village, tout le monde est rassemblé sur la place. Les soldats prenne alors un homme dans chaque famille et disent aux femmes : 'Amenez vos armes et nous les relâcherons.' Mais il n'y a pas d'armes dans ce village. Et c'est alors que les héroïnes du film entrent en scène :
Berfê, âgée de 70 ans, entreprend un voyage avec sa peite-fille, Jiyân, qui a 8 ans, afin de trouver un fusil qu'il échangerait contre la liberté de son fils Temo. Mais en dépit de tous leurs efforts, elles ne peuvent en trouver un seul chez eux et doivent donc se rendre à la ville. Ensuite, tout le problème est de ramener le fusil acheté, dans leur village, sans se faire coincer en route. C'est pourquoi elles choisissent de passer par les montagnes.

Parlant du comportement des soldats turcs, Hüseyin Karabey montre aussi le doute qui envahit les hommes :
"Par exemple, un soldat compare Berfê à sa propre mère âgée, à qui il écrit, dans une lettre, qu'il n'arrive pas à donner un sens à ce qu'il est en train de faire."
Hüseyin Karabey ajoute que les blessures des crimes commis ne sont pas encore guéries, et que son but est de relater un événement réel à travers le cinéma :
Ces 20 dernières années en Turquie, nous sommes face à une guerre « larvée ». A travers l’histoire de Grand-Mère Berfê, je souhaite montrer à quel point cette guerre pourrait devenir absurde. Mon objectif n’est pas de faire une dé- claration politique implacable quant à cette situation, puis- que nous savons qu’une mauvaise situation induit de part et d’autre des pertes et des souffrances. C’est pour- quoi je préfère faire appel à un dispositif et à une histoire pouvant générer à la fois du rire et des larmes, et espérons le, offrir au spectateur de quoi nourrir ses pensées lorsqu’il sortira de la salle de cinéma. J’espère sincèrement qu’à l’occasion du périple de ces deux femmes, nous pourrons également découvrir beaucoup de choses sur nous-mêmes et le monde dans lequel nous vivons.

Sur l'usage de la langue kurde qui connaît un succès croissant dans le cinéma en Turquie, maintenant que les interdictions se lèvent progressivement, Hüseyin espère ainsi faire aimer le kurde aux Occidentaux et aux Turcs.
"Nous devons utiliser le kurde avec richesse et poésie afin de donner au public l'envie d'apprendre cette langue."
Sur la récente "initiative kurde" lancée par le gouvernement AKP l'été dernier, le cinéaste estime que
"les changements, les solutions, le statu-quo et les blocages se mêlent tous ensemble. Parfois, vous pouvez voir les choses avec optimisme et parfois, rien de ce qui arrive n'a de sens. Afin de participer à ce processus, d'apporter ma contribution à une solution, j'essaie de raconter ce que vit le peuple kurde ; dans ses tragédies, il y a matière à beaucoup d'histoires, qui doivent être racontées." Sur l'état du cinéma turc en général, Hüseyin le juge passif, et plus enclins à se retrancher derrière des excuses d'ordre bureaucratique que mû par la bravoure de vouloir changer les choses : "La jeune génération fait un effort, mais en général, le cinéma turc est dominé par le conservatisme."

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