vendredi, janvier 22, 2010

L'Occident, paradis des libertés, enfer des identités

Si étonnant que cela puisse paraître, les régions où la diaspora arménienne a le mieux conservé son identité furent les pays à dominante musulmane du Moyen-Orient. Dans des pays tels que l'Iran, l'Irak, la Syrie, le Liban ou encore l'Égypte, plus d'un million d'Arméniens vivant en communauté fermée, dans des environnements de liberté partielle, accordés par les différentes républiques, ont bien mieux réussi à conserver leur identité, grâce à leurs écoles, églises et associations, que les membres de la diaspora occidentale. L'insécurité et les guerres endurées par ces pays, durant les trente dernières années, ont malheureusement poussé la plupart de ces Arméniens à émigrer vers l'Occident.
Partant de ce cas de figure, on peut en venir à la conclusion suivante : le grand degré de liberté ainsi que les facilités accordées aux identités minoritaires en Occident ont malheureusement joué un rôle de catalyseur qui a facilité la disparition de ces dernières. D'un autre côté, les restrictions de liberté en Orient ont vraisemblablement été les principales raisons d'une ténacité attachée à conserver les identités. Il se pourrait que les appels à la prière, entendus cinq fois par jour dans un pays musulman, aient eu un effet stimulateur à ne pas sous-estimer dans la mobilisation de l'identité arménienne ; un effet de rappel : "Tu es un Arménien et tu es chrétien." Disons qu'au moment où le paradis des libertés de l'Occident se transformait en enfer pour les identités, les facilités qui leur furent accordées au nom du multiculturalisme n'ont, hélas, pas suffi à éteindre le feu.

Hrant Dink, Deux peuples, proches, deux voisins lointains, II, "Les raisons qui alimentent l'absence de relations entre la Turquie et l'Arménie"


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