vendredi, juillet 17, 2009

Droit de réponse des Asayish

Ah, ces terribles Asayish ! Terreurs des islamistes, mais aussi de prisonniers pas toujours coupables sur qui les services de sécurité kurdes ont eu la main lourde. Ils sont accusés aussi d'appartenir plus à des partis politiques qu'au gouvernement, d'abord parce qu'il y a eu longtemps les Asayish PDK et les UPK, tout comme les Peshmergas. Amnesty les a alignés dans son dernier rapport et les responsables mis en cause ont vivement protesté avec une excuse là encore bien kurde : Oui, d'accord, on était comme ça AVANT, mais c'est fini tout ça, on s'est amendé depuis ! (un Kurde coupable de n'importe quoi n'admettra jamais, une fois qu'il a reconnu ses torts, qu'on lui rebalance une fois de plus sa faute sur le nez, outragé qu'on lui reproche des faits qui remontent au moins à 3 mois, voire à 3 jours... Le côté obsessionnel des Occidentaux sur les devoirs de mémoire, l'imprescriptible, va avoir du mal à s'implanter ici).

Il est vrai que les Kurdes d'Irak haïssent et méprisent les terroristes, qui ne sont pas pour eux de véritables combattants en s'attaquant aux civils, et qui, lorsqu'ils sont Kurdes, sont vus comme vendus au monde arabe, ou à un islam sectaire et hostile venu de l'étranger. Il est vrai aussi que les Asayish font tout de même du très bon travail, que ce soit dans la Région ou bien dans les territoires hors Région où ils assurent aussi la sécurité, sans avoir les mêmes moyens, comme à Kirkouk, si l'on considère la situation sécuritaire dans le reste de l'Irak. Par ailleurs, si l'on met son nez dans les procédures d'exception française concernant les cas de "terrorisme", il n'y a pas de quoi se vanter auprès des forces kurdes...

Mais bon, torture, disparition, opacité des méthodes, intimidation de journalistes, on les a accusés de bien des maux et cela a nécessité une réforme et une refonte générale. Après la publication du rapport d'Amnesty, Hakim Qadir Hama Jan, le responsable de ces services à Suleïmanieh répond et se défend sur niqash.org.

Q: Erbil et Suleïmanieh ont travaillé avec un agenda politique commun depuis 5 ans mais vous avez toujours deux services de renseignement séparés, dépendant respectivement de chaque ville. Pourquoi les deux appareils des Asayish n'ont-ils pas été réunis ?

Hakim Qadir : Nous avons des relations étroites et avons entamé un processus d'unification à cet effet. Il y a des discussions régulières au Conseil des ministres et à la Présidence de la Région pour rédiger une loisur la sécurité de la Région.

Q: Si les deux appareils s'unissent, est-ce qu'il n'y aura pas des problèmes, si l'on voit combien vous vous êtes combattus mutuellement ?

Hakim Qadir: Aucun conflit ne surgira parce que les Asayish sont un appareil qui dépend directement du gouvernement et non d'un parti quelconque. Nous appliquons les décisions gouvernementales.

Q: Est-ce que vous coopérez avec les Asayish d'Erbil?

Hakim Qadir : Nous n'avons aucun problème à coopérer avec eux. Ils nous livrent tous les suspects que le juge d'instruction veut interroger. Si le suspect est à Suleïmanieh, nous le livrons à Erbil. C'est la procédure de travail normale, pas seulement entre les Asayish d'Erbil et de Suleïmanieh mais aussi pour tout suspect d'un secteur donné.

Q: A Kirkouk il y a deux bureaux d'Asayish. Est-ce que cela va dans les intérêts kurdes ?

Hakim Qadir : Je ne considère pas que ce soit une bonne chose du tout. Kirkouk est unique et les Kurdes doivent être unis dans cette ville, dans tous les domaines. Nous devons soutenir la population de Kirkouk qui veut que cette ville soit une ville kurde ouverte à toutes les composantes irakiennes. C'est pourquoi l'unification des Asayish à Kirkouk est une question importante.

Q: Kirkouk est en dehors de la Région kurde. Aussi, pourquoi y êtes-vous présents ?

Hakim Qadir : Nous avons d'autres institutions présentes à Kirkouk et nos activités sont supervisées de façon légale et administrative. Nous n'avons aucun problème avec cela parce que les documents que nous avons prouve que Kirkouk est une ville kurde.

Q: Certains se plaignent que vous arrêtez les gens sans charges légales ni procès. Est-ce vrai ?

Hakim Qadir : Il y a toujours des erreurs et des défaillances. Ces dernières années, les forces de police et de la Sécurité ont commis des abus et des violations, mais ils ont cessé à présent car nous avons réprimé ces incidents. Il est important de tirer les leçons de ces fautes et de s'assurer qu'elles ne se reproduiront pas. Je voudrais insister sur le fait que notre direction n'accepte pas les arrestations ou l'emprisonnement d'une personne, ou une perquisition à domicile sans l'autorisation préalable d'un juge d'instruction. Toute personne arrêtée doit être déférée à un juge dans un délai de 24 à 48 heures.

Q: Y a-t-il des détenus qui n'ont pas encore été déférés à un juge ?

Hakim Qadir : Il n'y en a aucun. Nous avons envoyé les dossiers de ceux qui étaient détenus précédemment à la cour.

Q: Qu'en est-il de l'indemnisation des gens qui ont été arrêtés par erreur ?

Hakim Qadir: Les indemnisations doivent fait l'objet d'une loi. Nous indemniserons ceux qui pourront prouver que leurs biens ont été confisqués.

Q: Êtes-vous au courant des violations des droits de l'homme commises par les Asayish?

Hakim Qadir : Oui, bien sûr, il y a eu des fautes commises dans le passé ; beaucoup de personnes ont été arrêtées sans mandat et il y a eu des violations aussi.

Q: Pourquoi avez-vous attaqué les organisations internationales quand elles ont puiblié des rapports sur les violations commises par les Asayish?

Hakim Qadir : Ces rapports sont de deux sortes : certains d'entre eux sont des leurres et d'autres sont précis, avec des preuves et une documentation sur les violations commises par les Asayish et la police. Nous ne pouvons dire que ce second type de rapports est imprécis, mais ils mentionnent des incidents qui ont eu lieu dans le passé et auxquels nous avons remédié. Nous remercions ces organisations et les journaux qui ont exposé les problèmes de corruption.

Q: Les Asayish ont, dans le passé, arrêté des figures religieuses et demandé que le Ministère des fondations religieuses les démettent. Est-ce que ces questions font partie de vos fonctions ?

Hakim Qadir : Nous avons mis un terme à ces pratiques. Nous avons un très grand respect pour le clergé mais nous disons aussi que les mosquées sont les maisons de Dieu et non des lieux d'activisme politique. Le clergé doit défendre la tâche du gouvernement et travailler dans l'intérêt du peuple kurde.

Q: A chaque attentat, vous avez l'habitude d'arrêter des gens, surtout les membres des partis islamiques, et puis vous les relâchez sans aucun éclaircissement.

Hakim Qadir
: Ces fautes ont été commises dans le passé. Dans de tels cas, il est important de mener une enquête complète avant de mettre les gens en détention. Il semble que des innocents ont été arrêtés. Il est nécessaire d'interroger les détenus et d'enquêter sur eux et puis de les relâcher dans un court délai. Il y a des gens qui utilisent les partis islamistes comme des couvertures pour leurs actes de sabotage.

Q: Les Zanyari (services de renseignement de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK)) et les institution anti-terroristes arrêtent toujours des personnes. Est-ce que ces arrestations sont légales ?

Hakim Qadir : Les Zanyari de l'UPK et les Parastin (sécurité préventive) du Parti démocratique du Kurdistan sont des institutions partisanes autorisées. Aujourd'hui, les Zanyari les institutions anti-terroristes n'ont pas de prisons, n'arrêtent pas les gens, ne fouillent pas les maisons et n'interrogent pas les personnes. Cependant, ils aident les Asayish et la police en fournissant des informations importantes. Tout ce qui est dit sur ces deux institutions a seulement pour but de semer la confusion dans l'esprit du public.

Q: Pourquoi les gens ont-ils peur des Asayish?

Hakim Qadir : Il est malheureux que les gens aient cette peur. Le devoir des Asayish est d'assurer à la population sécurité et protection et de préserver les vies et les biens. Il se peut qu'un membre des Asayish se soit mal comporté avec la population. Nus avons informé tous les membres de notre direction et clarifié avec eux le travail des Asayish. Pour apaiser les craintes des gens, nous n'accepterons dans nos rangs aucune personne ayant commis des actes illégaux ou des violations de droits de l'homme. Il est important que la population soutienne cet appareil et des contacts étroits doivent être maintenus entre lui et le peuple. Ce sont les terroristes et les collaborateurs qui doivent craindre les Asayish.

Q: Les gens voient les Asayish comme l'appareil d'un parti. Comment pouvez-vous les convaincre que vous respectez les décisions du gouvernement ?

Hakim Qadir : LesAsayish sont une institution gouvernementale au sens où les membres sont nommés et démis par le gouvernement et ils reçoivent aussi leur salaire de ce gouvernement Ils exécutent toutes les décisions et les instructions du Parlement et du Premier ministre et nous travaillons dans le cadre de la loi.

Q: Des gens craignent que le Asayish ne jouent un grand rôle dans les élections qui vont avoir lieu au Kurdistan en soutenant la liste kurde des deux grands partis. Ils craignent d'être battus et arrêtés.

Hakim Qadir : Le travail des Asayish est de maintenir la sécurité et la stabilité. C'est pourquoi nous ne soutenons aucun parti et nous ne permettrons à personne de créer des problèmes. Je suis confiant sur le fait que les Asayish n'interféreront pas dans les élections et j'appelle toutes les listes candidates à ne pas créer de problèmes et à maintenir la sécurité.

(Source niqash org)

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