jeudi, novembre 29, 2007

De cette Nuit naissent des Aubes


Muhammad Uthman Balkhî, de son nom de plume Mahwî, est né en 1836 à Sulaymâniyya, où il fit ses premières études, avant de partir à Sine et Mehabad (Kurdistan d'Iran), puis Bagdad où il obtint son diplôme de fin d'étude auprès du muftî Zahawî.

Il revient en 1862 dans sa ville natale, où il exerce la profession de magistrat. Mais il démissionne très vite, en 1868, pour enseigner et devient aussi le murîd du sheikh Naqshbendî Baha od-Dîn de Tawêla. Pour une raison inconnue, il est exilé à Bagdad en 1874 par le pouvoir ottoman. Il fait le hajj en 1883, puis se rend à Istanbul, sans doute plaider sa cause auprès d'Abdulhamîd II. Avec succès, car par firman le sultan l'autorise non seulement à revenir à Sulaymâniyya, mais en plus à y ouvrir un tariqat.

Son oeuvre est celle d'un poète ashiq et soufi, voué à la ma'refa (gnose), dans la lignée de l'amour-miroir divin, avec des références mystiques et littéraires très iraniennes en général, mais également kurdes, en plus de quelques allusions à la situation politique contemporaine, comme la guerre russo-japonaise de 1905.

Le Dîwan de Mahwî, joliment intitulé De cette Nuit naissent des Aubes, a été traduit en 2001 par Ahmed Mala.


Dieu

Dans cette mer tourmentée
pourvu que Dieu te délivre,
suis le chemin du compagnon de Dieu,
quitte ce matelot.

Je suis seul, moi,
personne ne comprend mon langage.
Ils sont toujours méconnaisseurs de Dieu,
pourtant le mot Dieu
est toujours sur leurs lèvres.

La promesse et la fidélité sont objets de railleries ;
la perfidie, la trahison les remplacent,
que Dieu aille au secours des fidèles !

Celui pour qui je fis mes prières,
je supplie Dieu
de me protéger de ses maux.

Je lui dis : "aie pitié de moi !" ;
elle me répondit en colère :
"toi, tu es un shêkh, compagnon de Dieu,
moi je suis grâce marine."

Les parjures souillent son Nom :
son Nom n'est plus.
Je me sacrifie pour son Nom.

Tant que tu demeureras dans l'obscurité de l'existence,
tu seras loin de la lumière d'amour ;
l'ombre n'est plus, c'est le soleil.
Si Mahwî n'est plus, Dieu est."

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