mercredi, juillet 04, 2007

Halabja après les événements


"Après le bombardement de Halabja et ses environs par plusieurs sortes de bombes chimiques, la ville fut complètement désertée. La plupart de ceux qui étaient restés à Halabja étaient morts. Seule une minorité avait pu s'enfuir le 15 mars 1988 vers Silêmanî. Les survivants touchés et handicapés par les bombardements avaient fui vers l'Iran.

Le gouvernement iranien installa des camps pour les réfugiés dans les villes de Hersin, Kengawer et Mongor, autour de Kermanshan. Dans le même temps, le front de la guerre Iran-Irak bougeait rapidement, surtout quand les forces irakiennes, usant des armes chimiques, put expulser l'armée iranienne du port irakien de Fao. Aucun organisation internationale, aucune super-puissance ne tint l'Irak pour responsable de ces actes d'inhumanité. Bientôt les forces iraniennes durent évacuer d'autres zones, qui furent alors occupées par le Baath.

En juin 1988, les forces iraniennes durent se retirer de Halabja qui fut réinvestie par l'armée irakienne. Sur ordre du criminel de guerre, le tueur de Halabja et de bien d'autres villes, Ali Hassan Madjid, surnommé "Ali le Chimique", qui avait été nommé commandant du Kurdistan, Arbat, la plaine de Shahrazûr, les districts de Halabja et de Tewila furent déclarés "zone interdite". Puis les troupes irakiennes firent exploser et détruire tous les bâtiments de Halabja, dont l'usine de tabc, l'hôpital, les écoles, les bureaux gouvernementaux, et plus de 1800 maisons, la plupart dans les quartiers Benzinkhane et Mamostayan. Ce processus de terreur avait pour but d'effacer toute trace de Halabja. Au sud-ouest de Shahrazûr, en face de la ville de Zerayin, le régime distribua des terres à la population pour qu'elle bâtisse une ville du nom de Saddamian Halabja. Des cartes furent délivrés à ceux qui acceptaient les terrains. De la sorte, le Baath put dénombrer qui avait fui en Iran et qui était revenu. Sans ces cartes, personne ne pouvait avoir accès à la propriété.

Après cette période, le régime du Baath instaura une amnistie. Beaucoup de réfugiés et de victimes revinrent, mais l'Irak ne les laissa pas s'installer dans le gouvernorat de Silêmanî. Ils furent envoyés de force dans les plaines de Berxweshtir et Gerdetchall, dans le gouvernorat de Hewlêr (Erbil) et enfermés à l'intérieur de camps barbelés.

Sans la générosité et la noblesse d'âme des habitants de Hewlêr, une partie conséquente de ces réfugiés serait morte, privée de tout. Quant à ceux qui revinrent au Kurdistan irakien après la période de l'amnistie, pour diverses raisons, ils furent envoyés dans le terrible désert d'Erer et dans la prison de Nugre Selman, la prison des Kurdes raflés lors de la campagne de l'Anfal, et où beaucoup d'entre eux avaient péri.

Pendant la guerre Iran-Irak, le régime avait mené en effet sa campagne de l'Anfal (nom tiré d'un verset du Coran indiquant qu'il est légitime de piller et de tuer les non-musulmans, car les Kurdes et les Iraniens avaient été déclarés "infidèles" par Saddam, ndt) contre lepeuple kurde, qui fut déporté dans tous les autres districts, Germiyan, Qaradagh, Aghjeler, Sengaw, Khelekan et bien d'autres villes et villages.

Puis le Baath perdit la guerre et sa déconvenue le poussa à intensifier ses attaques barbares contre les Kurdes, jusqu'au moment où il commit une faute majeure en occupant le Koweit, faute qui fut une bénédiction pour le Kurdistan et une des causes de la chute future du régime.

L'occupation de l'Irak ouvrit la voie de la libération pour les Kurdes. Ils se soulevèrent en masse le 5 amrs 1991 et en quelques jours balayèrent les autorités irakiennes du Kurdistan. La population de Halabja, qui avait tant souffert de ce régime totalitaire participa activement au processus de libération."

Mémoires de Halabja, Bekir, Heme Sidîq Arif.

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