mercredi, janvier 24, 2007

Le tabernacle des lumières

Pour Abû Hâmid Muhammad al-Ghazalî, même si "une certaine interprétation selon le sens caché peut être exacte, le sens littéral reste toujours vrai et contraignant. Le sens intérieur ne saurait en aucun cas entrer en contradiction avec le sens littéral ni le supprimer, tout comme le monde invisible coexiste avec le sens sensible et apparent. Le sens intérieur n'est admissible que si existe entre le sens littéral et lui une correspondance symbolique naturelle ou indiquée par la Tradition." (Roger Deladrière).


Opposition avec les Ismaéliens bien sûr (entre autre) et tous ceux pour qui l'ésotérique a primauté sur l'exotérique. Une troisième voie, celui des malamatî extrêmes, pour qui les deux sens coexistent, les deux mondes coexistent, sans contradiction mais en juxtaposition. Pour certains, la correspondance existe mais "inversée", sans que l'un annihile l'autre.


"Le symbole dans son apparence extérieure est vrai, et sa transposition à la réalité profonde et cachée est une vérité intérieure. Ceux qui ont cette prise de conscience sont ceux qui ont atteint le degré de transparence du "Verre", dont nous verrons plus loin la signification. En effet, l'imagination, qui est la matière dont est fait le symbole, est solide et opaque, et elle masque les réalités cachées, s'interposant entre les lumières et l'homme ; mais elle peut aussi devenir aussi pure que le verre, qui par sa limpidité ne fait pas obstacle aux lumières et, bien plus, leur est une aide, les protégeant de sucroît contre les bourrasques. Sache donc que le monde inférieur et opaque de l'imagination devient, dans le cas des prophètes, comme du verre, un tabernacle pour les lumières, un filtre laissant passer les réalités secrètes, et comme un point d'appui pour s'élever jusqu'au monde supérieur ! Et maintenant qu'il est bien compris que le symbole dans son apparence extrérieure a une réalité cachée, tu n'as qu'à en faire l'application à d'autres symboles, comme le "Mont Sinaï" et le "feu".


"Les poitrines des hommes libres sont les tombeaux des secrets."


Le Tabernacle des Lumières, Abû Hamid Al-Ghazalî, trad. R. Deladrière.

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