mercredi, août 30, 2006

Hewler J 1

Les voyages au Kurdistan démarrent toujours fort dans l'imprévu. Enfin en général quand on commence par les galères on finit par le meilleur, inch Allah. Déjà à Francfort échappée de justesse à un carambolage de Japoniais qui avaient pris l'escalator avec des chariots surchargés de bagages. Normalement ces chariots sont faits pour, mais moi je me méfie de mon adresse... pas eux. Ce qui fait que le chef de leur groupe, un vieux téméraire et autoritaire s'est retrouvé coincé tout en bas, les roues de son chariot butant sur la dernière marche et n'arrivant pas à en sortir... naturellement un escalator c'est fait pour avancer et donc tous les autres chariots derrière venaient s'écraser sur lui, avec leurs propriétaires. Voyant venir mon tour je n'avais plus qu'à remonter à contre sens les marches jusqu'à ce que la sécurite stoppe tout. Commencer par une jambe cassee a Francfort ç'aurait été cool, tiens.

Ensuite longue longue attente... Les bureaux de Kurdistan Airlines ouvrent à 18 h pour l achat des billets. 20 h c'est l'enregistrement des bagages... et 23h10 l'embarquement, pour un vol à 23h55. Enfin normalement. A minuit, on apprend que l'avion a un problème technique. Attente indéterminee dans le salon, avec toutes les familles et les gosses hurlants, fantastique... Pour finir, à 2h, on nous apprend que le vol est reporté au lendemain, 10h. Et que nous avons gracieusement droit de passer la nuit (enfin quelques heures) à l 'hôtel. Le temps que tout le monde comprenne et se fasse traduire en allemand, anglais, kurde, arabe, le temps que les râleurs râlent, que tous les passagers se fassent enregistrer pour l'hôtel que les bus arrivent, nous emmènent à l'Amadeus, assez loin en fait, on a pu "dormir" 3 heures. Petit dej endormi après le réveil a 7 h, retour a l'aéroport, rembarquement, finalement on décolle a 11h. Ensuite vol sans histoire jusqu''à Hewler ; arrivée a 17 h heure locale (2 h de + qu'avec la France).

Déjà, au dessus de Hewlêr alors que le pilote descendait un peu rudement, en en faisant glapir quelques uns, j 'étais tellement contente de revoir ces montagnes ocre et fauve que j'avais mêmepas peur... c'était comme retrouve une personne aimée après une longue séparation, la joie pure.

Et puis en sortant de l avion cette bonne chaleur bien sèche que j'adore et qui change de cet étéhivernal en Europe.

Contrôle sans histoire. Maintenant un visa est demandé mais si on en a pas et qu'on reste + de 10 jours il faut comme en Syrie aller au bureau de l immigration pour les prolongations, un restant d'administration baasiste, gnac.

A la sortie un jeune employé vient me saluer avec une phrase plutôt drôle : Angelina Merkel is very nice ! Tout ca parce qu 'il devait croire que j'étais Allemande. Du coup j éclate de rire et répond en kurde que ben oui mais que je suis francaise. Apparement Chirac n'a pas la même cote.

Et donc attendue par un charmant jeune homme qui se tenait devant l'aéroport avec une pancarte Sandrine et Roxane, puisqu ils n avaient pas été prévenus que Roxane jouant du trampoline sur une marche s 'exerce maintenant à clopiner le pied dans le plâtre. Bon, voiture avec clim et écran vidéo intérieur diffusant de la variété turque (la chanson turque a une super cote chez les kurdes, cherchez pas).

Le Sheraton, évidemment c'est la grande classe : resto, bar, resto chinois, piscine, salle de gym...


Beaucoup d'employés asiatiques mêlés aux Kurdes. Ces derniers s'obstinant a me parler anglais et moi de leur repondre en kurde, ça donne un dialogue assez comique. Ensuite stupéfaits ils me demandent : Vous êtes Kurde ? (avec l'air ébahi). Et quand je dis non Francaise mais je parle kurde, j'aime leur reaction : ils sont CONTENTS. Pas stupéfaits reconnaissants incrédules comme les Kurdes en Turquie. Ici tout le monde parle kurde et les jeunes ne connaissent que ca et l'anglais. Pas l'arabe. Ils n'ont donc pas le complexe de leur langue et ont du mal a imaginer que des Kurdes puissent être kurdes sans etre kurdophones. Car le paradoxe est aue meme au plus fort de l'Anfal le kurde était enseigné comme seconde langue à l'école. La négation absolue des Kurdes ne vient que de Turquie... Ce qui fait que pour pour ce que j en vois, les Kurdes n'en veulent pas aux Arabes, au peuple arabe. Seulement aux Baasistes. "Les Arabes sont gentils, on s'aime bien, il y en qui nous soutienne". Alors que les Turcs, rien a faire ... Et c'est finalement étrange de voir les Kurdes d 'ici considerer les Turcs plus comme l ennemi... C est qu'ils font la difference entre les politiciens arabes, les islamistes et le Baas, et les gens ordinaires. Alors qu'en Turquie la négation totale, le rejet des Kurdes et surtout du Kurdistan vient aussi d'en bas, de l'homme de la rue. Seule une élite intellectuelle ou économique sait bien qu'elle finira un jour par reconnaitre ce pays et y voit même son intérêt.


Bref ici le Kurdistan c est dans leur rêve un futur Dubai. Evidemment on est loin des rêves romantiques et revolutionnaires mais quand on se souvient de ce qu'était le pays il y a 20, 10 ans on comprend. Après tout les pays du Golfe jouissent d 'un confort et d 'une securité achetée à coup de petro dollars, et l'invasion du Koweit à declenché la seconde guerre du Golfe, ce qui pour l'instant ne serait pas le cas si la Turquie nous envahissait (a vrai dire ils essaient aussi de l 'acheter a coup de marches publiques, de contrats et de pétrole et pour le moment ça marche).






PHOTOS SANDRINE ALEXIE NON LIBRES DE DROIT

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Concert de soutien à l'Institut kurde