jeudi, janvier 26, 2006

Kamal Qadir, combattant de la liberté ou homophobe ?

En gros, les mésaventures de Kamal Qadir peuvent se résumer ainsi. Il écrit depuis des années des articles fustigeant la corruption et le népotisme du gouvernement kurde, alignant pour cela des faits probablement très vérifiables et indubitables. N'est-ce pas son droit selon les critères de la liberté d'expression ?

Et de ce fait, durant son emprisonnement il a bénéficié de la défense et du soutien non seulement des voix kurdes au nom de la démocratie, mais aussi de grandes ONG spécialisées dans les droits de l'Homme et de la liberté d'expression, comme Amnesty et Reporter sans Frontière. Le Gouvernement autrichien s'est naturellement soucié du sort d'un de ses ressortissants.

Comme on le voit, à première vue cela apparaît comme un combat "intellectuels progressistes-démocrates" vs "gouvernement rétrograde et arbitraire"... Les premiers ont gagné, Kamal Qadir a été libéré, la morale est sauve.

Sauf que... personne n'a noté que la teneur des "insultes" proférées à l'encontre de certains membres de la famille Barzani contrevenait aussi à cet esprit démocratique, pro-droits de l'Homme, qui veut, en tous cas selon les critères occidentaux sur lesquels Qadir et ses partisans se sont appuyés pour le faire libérer, que nul se soit inquiété pour ses opinions religieuses, politiques... ou choix de vie sexuels.

Or, en traitant certain membre de la famille Barzani d'homosexuel à titre d'injure, ce même "Dr. Qadir" tombe sous le coup de l'atteinte à la vie privée et du délit d'homophobie, ce qui, selon les critères de la dméocratie occidentale, tombe aussi sous le coup de la loi, l'homophobie est en effet de nos jours, dans la plupart des pays européens, un fait qui suscite autant de réprobation que l'injure raciste. Dire, comme le fait ce journaliste du New York Timesi que Qadir a enfreint certaines limites dans l'insulte d'une façon qui n'est pas admise au Moyen-Orient n'est pas faux, mais on peut douter qu'en Autriche il puisse publier un papier accusant d'homosexualité les membres du gouvernement autrichien. Par ailleurs, s'il publiait en Europe de tels propos, il serait probablement attaqué en justice par toute une pléiade d'association de défenses des Gays et Lesbiennes, qui n'aiment guère qu'on utilise leurs penchants sexuels en termes d'insultes et d'armes politiques.

Par conséquent, une fois revenu en Autriche, Qadir pourrait, en toute logique, être attaqué en justice au nom de ces mêmes droits et libertés qui l'ont fait sortir de prison au Kurdistan...


On le voit, dans cette affaire qui oppose de façon intéressante deux mondes, deux échelles de valeurs, le camp des progressistes droidlomistes et les "vieilles" sociétés orientales, "corrompues" et "chatouilleuses" sur le qu'en dira-t-on sexuel, le principal protagoniste, la "victime" si l'ont veut est aussi assise sur deux chaises, en en appelant d'un côté aux principes de liberté, et de l'autre en bafouant ces mêmes principes qui veulent que chacun soit libre de mener sa vie sexuelle comme il l'entend, si elle ne nuit à personne. Le "Dr Qadir" présente donc un cas intéressant de ces intellectuels à demi-occidentalisé, se réclamant tantôt des normes démocratiques et libertaires en vigueur en Europe, et ayant tantôt aux vieilles attaques et stigmatisations "féodales" dans leur mode d epensée et d'expression écrite.


Kamal Qadir a aussi qualifié de maquereau Massrur Barzani, le chef des services secrets kurdes les Parastin, en l'accusant d'utiliser des prostitués pour leurs renseignements. Mais alors là, le seul commentaire qu'on puisse faire, c'est que ce genre de pratique n'est pas franchement l'apanage des services kurdes. A vrai dire, je me demande quels services secrets n'utilisent pas cette source d'information, vieille comme le monde...

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