mardi, mai 10, 2005

Terroristes ou pas, c'est selon...

Quand L'Observatoire franco-kurde parcourait la Turquie et le "cher Sud-Est" si adoré des Turcs, il avait souvent à répondre aux questions des policiers, militaires, mouchards, etc., sur la raison de notre présence dans des villes aussi improbables que Cizre, Diyarbakir, Van, Dersim qui, durant les années 1999-2001, n'étaient pas précisément hantées par des hordes de Français en short, ce genre de spécimen se retrouvant presque toujours (et encore maintenant, heureusement), en Cappadoce.

Ce qui ne nous empêchait pas d'agiter notre Guide du routard (à quoi l'on reconnaît un Français en voyage aussi sûrement que s'il s'était épinglé le passeport sur le front) sous le nez des autorités en lançant le sésame "turist ! turist!" Même à Ovacik Plage, parfaitement !

Il est même arrivé que des policiers, plus fins que les autres, ou plus gradés et donc plus intelligents, (en tous cas nettement plus glamour, puisque la Turquie étant un pays d'ordre et d'étiquette, les méchants ont l'air bien cons et bien méchants, et les gentils sont très gentils et très beaux gosses, ce qui ne gâte rien) nous soufflent la bonne réponse avec anxiété, histoire d'embêter un collègue.

Bref c'est devenu une plaisanterie rituelle d'annonner "no terrorist, turist", à tel point que nos langues faillirent fourcher quelquefois, et inverser la formule.

Aujourd'hui, via un blogger iranien, Medya (son serveur connaît quelques petits problèmes mais il reviendra bientôt) nous apprenons que la télévision iranienne qui, auparavant qualifiait les terroristes en Irak d'"insurgés", se met tout soudain à les appeler "terroristes", et ce depuis qu'Ibrahim al Jafaari, un chiite, est devenu Premier Ministre d'Irak.


De même, nos journalistes français, si pressés de foncer à Fallujah rencontrer les "résistants", une fois qu'ils les ont rencontrés, et bien rencontrés, tellement qu'ils n'en reviennent pas, sont passés progressivement du terme de "résistants" à "insurgés". Je suppose qu'il faut attendre une bonne décapitation, un dépeçage dans les règles de l'art comme pour Margaret Hassan et tant d'autres Irakiens ordinaires dont personne ne se soucie ici, pour qu'un jour le mot" terroriste" finisse par apparaître dans les qualificatifs des médias français.

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