lundi, décembre 20, 2004

Retour de bâton

Le Turkish Daily News vient de publier une dépêche assez ironique sur le système des Gardiens de village en détaillant la note assez salée que cela a finalement coûté à l'Etat turc. Pour ceux qui ne sauraient pas, les gardiens de village sont des Kurdes recrutés (bon gré mal gré) en milices pour combattre le PKK. Le vieux système "faire tuer par les Kurdes" n'est pas une première dans l'histoire. Mais finalement à part quelques atrocités commises entre villages rivaux (et qui n'étaient pas toujours des opérations directes de la guerilla) quel est le bilan ?

"Le système des Gardiens de village dont le Parlement européen a demandé l'abolition à la Turquie dans son rapport du 6 octobre aurait coûté à la Turquie 227 trillions de lires turques à cette date. Par ailleurs, 4,933 gardiens de village sur 85,000 miliciens recrutés dans la période de l'Etat d'urgence dans les années 1990 pour aider les gendarmes à combattre le terrorisme ont été impliqués par la Commission dans 2,640 crimes durant les dix-huit dernières années, notamment aide et complicité avec les terroristes du PKK, trafic de drogue et d'armes, kidnapping et viol."

La dernière phrase est savoureuse je trouve. Les milices armées et financées par l'Etat, jouant finalement un double-jeu et servant de plaque-tournante pour la drogue, les armes, en partageant avec le PKK, et finalement se livrant au kidnapping et au viol comme n'importe quel "patriote résistant " de Fallujah :lol:

Bref, la morale de tout ça ? Armer des milices privées en leur disant "feu à volonté", mettre tout ça sous le manteau de l'Etat d'urgence, laisser les super-préfets locaux avoir toute indépendance pour toucher leur part des trafics, qu'est-ce que ça donne ? Un Etat peu à peu gangrené par la mafia. Depuis l'affaire de Susurluk, tout le monde connait bien la collusion entre la classe politique et la mafia (l'AKP semble bien avoir été aussi élu par l'aura d'intégrité dont il bénéficiait)... Reste la mafia kurde mi-miliciens mi-PKK, mi ex-PKK, bien installée, bien en place, à qui la guerre a profité et à qui la paix profitera encore, qui risque même de survivre au PKK... d'Iran à Istanbul et jusque dans l'UE, c'est pas fini d'avoir les erreurs politiques des généraux d'Ankara sur le dos.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Concert de soutien à l'Institut kurde